Perspective et points de fuite de dessin
Pour placer un ou plusieurs points de fuite dans un dessin, il faut d’abord comprendre en quoi consiste la perspective, et pour l’utiliser il faut impérativement comprendre le volume du sujet du dessin.
Quoi de mieux pour commencer à aborder le sujet que de prendre en exemple un simple cube. Ce volume géométrique se retrouve dans tous les dessins en perspective que vous réaliserez et sert de base de construction à tous ce que vous allez vouloir représenter à l’avenir.
PERSPECTIVE CAVALIERE ET CONSTRUCTION
Bien que ces cubes semblent être en volume, aucun point de fuite n’est utilisé, la perspective n’est donc pas « correcte ». Les lignes qui indiquent la profondeur de l’objet sont parallèles, c’est ce l’on appelle plus communément une perspective cavalière.
Ce type de perspective peut vous aider à comprendre le volume de ce que vous voulez représenter. Il est impératif de visualiser le volume interne même si à terme il ne sera pas visible sur le dessin, il faut tout de même se le représenter afin d’éviter les maladresses et apporter de la cohérence à son dessin. Pour en apprendre encore plus sur la perspective, je vous invite à lire l'article sur les règles de dessin en perspective ;) .
PERSPECTIVE FRONTALE A UN POINT DE FUITE
Voici une perspective dite frontale à un point de fuite. La ligne horizontale en noir correspond à la ligne d’horizon qui indique le niveau de la « caméra » (le point de vue du spectateur) dans l’espace.
Plus la ligne d’horizon sera haute, plus vous serez amenés à représenter un point de vue en plongée, à l’inverse, plus la ligne d’horizon sera basse, plus vous serez amenés à représenter une contre plongée. Le point de fuite (ici au milieu de la ligne d’horizon) est l’endroit où toutes les lignes de perspectives (ici en bleu) convergent, elles indiquent la profondeur.
La forme en rouge au milieu de l’image ne semble pas en volume car il se situe précisément sur le point de fuite, il est alors impossible de lui donner une profondeur.
Sur cette image, les objets semblent cette fois-ci bel et bien en volume, avec une autre face visible, nous avons une impression de profondeur. Un élément au-dessus de la ligne d’horizon (et donc du point de fuite) aura forcément sa face du bas visible sur le dessin, un élément à droite ou à gauche du point de fuite aura forcément une de ses faces latérales visible également, suivant ce même principe, un objet sous la ligne d’horizon laissera sa face supérieure visible.
Pour placer un élément dans l’espace, il faut d’abord se demander d’où est-ce que nous voulons l’observer, de dessus ? De dessous ? De la droite ? De la gauche ?
Cette image met également en scène une perspective à un point de fuite, cependant, une face supplémentaire est maintenant visible sur chacun des cubes.
Tous les volumes sont maintenant soit au-dessus soit au-dessous de la ligne d’horizon, et soit à gauche, soit à droite du point de fuite. Précédemment une seule face en profondeur était visible sur chacun des cubes car soit ils étaient situés sur la ligne d’horizon soit sur la ligne située sur le point de fuite, perpendiculaire à la ligne d’horizon.
POINT DE FUITE ET DESSIN EN PERSPECTIVE OBLIQUE
Intéressons-nous maintenant à un nouveau type de perspective. Sur cette image nous pouvons observer trois objets mis en volume à l’aide d’une perspective à deux points de fuite, perspective dite oblique. Ce type de perspective est la plus utilisée car elle permet de rendre l’image plus dynamique et moins plate que la perspective frontale tout en restant assez simple.
Ici les deux points de fuite sont représentés sur le dessin pour plus de compréhension mais il est très courant qu’au moins un de ces points se retrouve en dehors de la composition, je m’explique : plus les points de fuite sont proches l’un de l’autre, plus la perspective sera déformée (un peu à la manière d’un fish-eye).
En général, on rapproche les points pour donner l’impression que la caméra se trouve tout près du sujet représenté, et à l’inverse, plus on les éloigne plus on retrouve l’impression de se situer loin du sujet. Pour les faces visibles, nous réutilisons à peu de choses près le même fonctionnement que la perspective à un seul point de fuite.
LA PERSPECTIVE AERIENNE
Abordons maintenant le dernier type de perspective de cet article, la plus compliquée à mettre en place mais aussi celle d’une efficacité redoutable. La perspective aérienne est une perspective à trois points de fuite. C’est la seule qui met véritablement le dessin en « trois dimensions », longueur, profondeur, et surtout hauteur.
Elle fonctionne comme la perspective oblique, plus on rapproche les points, plus nous aurons l’illusion de proximité avec le sujet représenté. La perspective aérienne est le plus souvent utilisée pour donner une impression de vertige ou de rendre l’objet représenté imposant. En d’autres termes, représenter une plongée ou une contre-plongée très forte.
Comme pour les autres perspectives si un élément est situé au-dessus de la ligne d’horizon, il sera vu de dessous et à l’inverse s’il est situé en dessous, il sera vu de dessus.
Par conséquent quand la ligne d’horizon se trouve dans la partie inférieure de la composition, le troisième point de fuite lui, va se situer au-dessus et quand la ligne d’horizon se trouve dans la partie supérieure de la composition, le troisième point de fuite lui, va se situer en dessous.
CONSEIL PRATIQUE ET EXERCICE DE DESSIN POUR LA PERSPECTIVE ET LES POINTS DE FUITE
Une question qui est souvent posée par les personnes qui commencent à aborder les perspectives à point de fuite est la suivante : « si mon dessin est en perspective, comment réussir à évaluer précisément le point médian d’une surface ou entre deux objets ».
Un dessinateur avec beaucoup d’expérience parviendra à situer ce point à l’instinct sans trop de difficulté, mais heureusement, il existe une méthode très simple et très précise pour ce genre de problème. Vous pouvez observer à droite de l’image une surface plane mise en perspective, et en traçant tout simplement les diagonales de la surface, vous en trouverez le milieu.
On peut également voir à gauche de l’image la mise en application de cette méthode pour placer par exemple des lampadaires à distances égales dans la perspective.
Un exercice indispensable :
Pour mieux comprendre ces phénomènes de perspective, je vous invite à pratiquer ce genre d’exercice sur des photos pour y placer des lignes de perspective, mieux les comprendre pour mieux les utiliser.
Vous pouvez également expérimenter cet exercice avec des images tirées de films pour observer comment les réalisateurs utilisent la perspective pour donner de la force, du dynamisme et du sens à leurs plans, car même s’il s’agit d’un phénomène naturel et physique, il reste avant tout pour les dessinateurs un outil indispensable.
J’espère que cet article vous aura éclairé sur certains points, vous aidera à progresser, vous disposez maintenant de tous les outils nécessaires pour construire une perspective qui fonctionne. Souvenez-vous que c’est avec des méthodes de constructions simples que l’on réalise un dessin crédible et cohérant.
En attendant au boulot et à très bientôt !
Illustrateur et rédacteur : Hugo Louiset