Réaliser un dessin de hibou
Dans cet article nous allons étudier un rapace pas tout à fait comme les autres, un seigneur de la nuit dont le vol silencieux glisse dans de nombreux récits. Il est nimbé de mystère et dans l'obscurité côtoie les esprits des forêts. Nous parlons bien entendu du hibou !
Alors sachez qu'en réalité le mot « hibou »ne correspond pas à un niveau de classification scientifique. Les hiboux et les chouettes font partie de la même famille et sont répartis dans différents genres. Les hiboux se distinguent des chouettes par la simple présence de plumets, aigrettes, sur la tête. Une aigrette est un panache de plumes présentent sur le sommet du crâne de l'oiseau, mais nous y reviendrons plus loin.
Sachez qu'afin d'illustrer mes propos, je vais surtout m'appuyer sur des illustrations de grand-duc qui, avec 75 cm de haut, est le plus grand des rapaces nocturnes en Europe. Mais vous croiserez également quelqu'un d'autre, le harfang des neiges.
Bien que chez le harfang les aigrettes soient très discrètes, voire quasiment imperceptibles (elles sont très petites, repliées sur la tête et se fondent du coup avec le reste du plumage), il s'agit tout de même bien d'un hibou. Il appartient au genre Bubo, comme le grand-duc, et c'est à tort qu'en français on l’appelle chouette Harfang.
ÉTUDE ANATOMIQUE DU HIBOU EN VUE DU DESSIN
Commençons par les bases, le squelette. À savoir que nous allons d'abord énoncer des éléments valables pour quasiment tous les oiseaux.
Que ce soit au niveau des ailles ou des pattes, vous pourrez constater que la construction est similaires à nos propres membres.
Dans les pattes vous retrouver le même enchaînement d'os à la différence que les oiseaux marchent sur leurs « doigts ». Le bassin, comme chez nous, se positionne en bas de la colonne vertébrale et finalement les pattes sont très longues. Elles ne donnent pas cette impression uniquement à cause des plumes qui en dissimulent une partie.
Les ailles elles-aussi présentent le même enchaînement d'os que nos bras. Il faut juste imaginer la partie main (bleu foncé) et la partie doigts (bleu clair) comme un seul bloc. Ce qui nous donne une découpe en trois segments.
Et là nous arrivons à un point crucial et pas toujours évident, les ailles ! En effet c'est souvent un point délicat dans la représentation des oiseaux. Si finalement la structure osseuse est très simple, c'est l'agencement des plumes qui peut être un peu flou. Dans le cas où vous souhaiteriez d'ailleurs avoir des explications sur comment dessiner un oiseau, n'hésitez pas à aller voir notre article sur notre blog!
Nous allons donc simplifier tout ça afin de vous donner une bonne base. À savoir que si vous vous lancez dans un dessin réaliste, je ne saurai que trop vous conseiller d'étudier plus en détail votre sujet (la forme des plumes, leurs motifs, etc...).
Donc, sur le schéma de gauche l'aile vue de dessus avec en rouge les os simplifiés. J'ai juste indiqué en rose, au niveau de l'épaule, la masse musculaire principale.
À droite la même aile mais avec les plumes réparties en groupe.
En bleu, le groupe 1 comprend le bloc de plumes qui font la jonction avec le reste du corps, les plumes qui courent sur le bord haut de l'aile sur ce qui serait le bras et l'avant-bras (plumes assez courtes), et un bloc plus petit au niveau de ce qui serait le poignet. Ce dernier segment est souvent composé de peu de plumes mais plus larges.
En vert le groupe 2. Cette zone est composée de plumes de tailles intermédiaires. Elles longent les plumes de la zone 1 et avancent un peu plus loin, venant en réalité couvrir les os qui finissent l'aile.
Enfin la partie 4, qui comprends en réalité deux blocs de plumes :
- en violet les plumes sur l'extrémité de l'aile, elles sont longues et effilées.
- en rose des plumes plus courtes, avec souvent une allure un peu plus « carrée », qui finissent l'aile sur sa longueur mais qui sont tout à fait indépendantes du buste.
En vue de dessous, les zones 1 et 2 ne se distinguent pas l'une de l'autre.
Pour vous aider, on pourrait imaginer d'habiller notre bras.
Dans la main viendraient les longueurs plumes de la zones 4. Notez comme votre main serait juste recouverte par des plumes du bloc 1 et disparaîtrai totalement sous les plumes de la zone 2.
ALLURE DU HIBOU (GRAND-DUC)
La silhouette de l'oiseau est massive. La tête, très mobile, est piquée de grands yeux rouges-orangés et la tête est surmontée d'aigrettes bien visibles (8 cm environ). Les aigrettes sont généralement légèrement repliées vers l’arrière. Suivant la situation elles seront plus ou moins couchées, voir verticales.
À noter que les aigrettes ne jouent aucun rôle dans l'audition.
Trêve de bavardages, regardons notre oiseau.
Schéma A :
Les traits bleus reprennent la structure du squelette, colonne, pattes, os délimitant la cage thoracique. Le trait violet reprends la construction en 3 segments de l'aile et la zone bleue claire délimite la masse de l'aile.
Voyez comme les pattes sont bien plus longue qu'il n’y paraît. En rouge la zone du crâne, un rectangle raccourci sur le haut et en vert la zone de jonction avec le corps.
Schéma B :
On retrouve le volume de la tête mais j'ai simplifié la composition du corps, en bleu. On pourrait dire qu'il s'agit d'un triangle avec un arrondi au niveau du dos. Les ailes venant s'attacher en haut, un peu après la jonction avec le cou (flèche bleue).
En rose la queue. Chez les grand-ducs elles est plutôt courte. Les plumes seront assez compactes.
La patte est elle aussi simplifiée, juste un trait pour l'axe sachant que le haut, la cuisse, disparaît quasiment dans les plumes du ventre.
Une des difficultés, lorsque vous observez l'oiseau et que vous tentez de retrouver la structure de l'animal peut venir du fait que sur toute la longueur du « ventre » on trouvera de nombreuses et très longues plumes qui cachent et étoffent la forme de l'oiseau.
LA TÊTE DU HIBOU
DESSINER LA TÊTE VUE DE FACE
Schéma A :
En rouge le « rectangle » (plus court en haut) de la tête. Vous tirez un tait horizontal à la moitie du rectangle, trait bleu, et cela vous donne le haut du bec.
À partir du bec vous pouvez tirez un triangle qui ne va pas tout à fait jusqu'aux coins haut du rectangle. Avec ce triangle pour pouvez placer les yeux (qui sont au dessus du trait bleu) et les aigrettes (sch B).
En vert la zone de jonction tête/corps.
Schéma B :
Les aigrettes se placent donc sur les coins hauts du crâne. Notez qu'elles ne sont pas sur le dessus du crâne, elles restent bien sur la face avant de l'oiseau.
Le tarit de construction violet vous donne la structure autour de laquelle vous pouvez former l'aigrette, en vert clair. En réalité elles peuvent se découper ainsi : une plume plus forte, très sombre, qui fait une base, en dessous, en bleu foncé. En bleu clair, vous trouverez des plumes plus courtes et plus claires.
Les petites flèches sont là pour vous donner le point autour duquel vous pourrez jouer sur l'orientation des aigrettes.
Continuons notre observation.
Regardons simultanément les deux images simplifiées.
En rouge le « masque » en 8 couché caractéristique des hiboux et chouettes. Les plumes se déploient vers l’extérieur.
En bleu la zone de la partie supérieure du bec. Les plumes viennent des yeux et vont vers la pointe du bec .
En dessous en violet la partie inférieure du bec. Même si la partie inférieure du bec n'est pas visible, toute une série de plumes y sont liées. Là une petite série de plumes vont vers la pointe cachée du bec.
En vert la zone du cou. Je vous différencie cette zone car les plumes y sont un peu plus longues que sur le reste de la tête et aussi parce qu’elles pourront avoir une orientation différente. En effet elles sont ancrées sur la peau du cou et non sur le crâne en lui-même. Cela pourra jouer si vous réalisez un dessin avec une torsion importante de la tête.
En rose clair les plumes du dessus de la tête. Noter que suivant les espèces, les plumes du masque (zone rouge) comprendront une partie plus ou moins importante des plumes de cette zone, au dessus du bec.
DESSINER LA TÊTE VUE DE PROFIL
Sur cet angle la tête garde toujours son côte compact. Uniquement le bout du bec supérieur, en bleu, est visible.
J'ai retracé en noir la ligne du milieu de crâne qui me permet de placer à la fois le bec, les yeux et les aigrettes. On observe ici que les aigrettes sont bien en avant du crâne. Elles naissent à la jonction du trait rose (triangle construit plus haut en vue de face) et du trait rouge (la délimitation du masque faciale).
Vous retrouvez le bloc rouge de la tête et la zone de cou en vert.
DESSINER L'OEIL DU HIBOU
Les yeux du hibou sont grands et ronds. Les contours sont bien nets et marqués.
Le bord des paupières (en rouge) sont fins et sans cils. La paupière supérieure peut recouvrir très partiellement le haut du globe, mais cela reste de façon vraiment légère. Dans le cadre d'un dessin réaliste il vous faudra prendre en compte l'implantation des plumes sur la zone « musculaire » des paupières (zones hachurées en orange).
La pupille est ronde et bien noire. Chez le grand-duc l'iris présentera des teintes orangées, pouvant tirer sur un rouge léger ou un jaune or soutenu.
LE BEC DU HIBOU
Comme une mâchoire classique, le bec est composé d'une partie supérieure (bleu) et inférieure (vert). Chez les hiboux la partie inférieure reste invisible la plupart du temps. Elle est un peu plus courte que la partie supérieure et vient parfaitement s'y emboîter.
Le bec est généralement sombre, noir à gris foncé. L'intériur est bien rosé.
J'en profite au passage pour reprendre des choses déjà vues mais adaptées à un autre hibou. Notez que le harfang à une forme de tête beaucoup plus arrondie. On retrouve le masque en 8, qui est un peu plus étendu. Sous le bec, des traits hachurés marquent les plumes de la zone « sous-bec ».En violet la zone de cou.
DESSINER LES SERRES
Le dessin A. nous montre une patte gauche peu pourvue de plumes. Cela pourrait être la patte d'un jeune individu. Le dessin B nous montre la patte gauche d'un adulte, quasiment entièrement recouverte de plumes.
Les serres présentent quatre doigts pourvus de griffes très développées.
Sur une surface large, quand il marche, ou en position d'attaque les doigts 1,2 et 3, sont tournés vers l'avant tandis que le doigt 4, un peu plus court, reste derrière (dessin A).
Lorsque l'oiseau s’appuie sur une petite surface, comme une branche fine, le doigt 3 peut venir sur l'arrière, du coté du doigt 4, afin d'asseoir la stabilité. La prise se fera donc avec deux doigts de chaque côté de la branche.
Au milieu on simplifie la forme.
Vous voyez deux « boules » en dessous, elles correspondent à des articulations (flèches bleues). En vert, à la naissance des griffes on peut voir un petit surplus de peau, comme un fourreau. En orange je vous surligne la composition en écailles de cette zone. Sur toute la longueur de la patte la peau présente cette structure en écailles.
DESSINER DES HIBOUS DANS DIFFÉRENTES SITUATIONS
Il est plus que temps maintenant de dessiner l'animal dans sa totalité. Fait inhabituel, nous n'allons pas dessiner un, mais deux hiboux ! Un grand-duc et un harfang. À vrai dire je fais ce choix pour que nous réalisions un oiseau en vol et un à terre.
Dans les deux cas nous n'allons pas réaliser de dessins hyper réalistes, les motifs des plumages resteront suggestifs.
DESSINER UN HIBOU EN VOL
Étape1 : Le rectangle de la tête.
Étape 2 : Je lui donne juste un peu de volume étant donné que nous se serons pas dans une vue de face mais de ¾.
Étape 3: Je repère le milieu sur le haut du crâne , flèche bleue, et de là je tire la ligne de dos. En plein vol le corps sera à l’horizontal.
Étape 4 : Je ferme le corps en gardant vaguement la forme d'un triangle arrondie au dessus. En effet j'allonge un peu la forme à cause de la déformation de la vue ¾. De la ligne de dos je tire la ligne directrice pour la queue.
Étape 5 : Je place deux points (en rose) pour les cuisses. On se souvient que la partie haute des pattes ne se distingue pas réellement. Pour m'aider je cherche la moitie de la longueur du corps (traits bleus).
Étape 6 : Je tire les pattes. En bleu je tire deux traits à la moitié de la longueur et de la largeur du rectangle de la tête.
Étape 7 : La jonction des traits sur la tête me permet de placer le haut du bec. De là je trace le triangle pour placer les yeux et les aigrettes. Sur le dos je place les attaches des ailles. Je recule un peu l'attache par rapport au rectangle de la tête car je prends en compte l'espace de vertèbres pour le cou.
Étape 8 : Je tire les ailes. Je vous mets en rappel la structure. La difficulté là vient de la vue de ¾. L'aile gauche de l'oiseau nous fait un peu plus face, donc sa ligne apparaît plus droite alors qu'on devine un peu plus la courbe sur l'autre aile.
Étape 9 : Je dessine les ailes. Je vous précise les zones vue dans la construction du plumage. Voyez juste comme les plumes en bout de zone 4 sont allongées par rapport aux autres (zone rose/cf. schéma ailes). J'en profite au passage pour vérifier les pattes en plaçant les os de fin de cuisse, de mollet et de pied/orteil.
Étape 10 : Maintenant le tracé de construction achevé je prévois la mise au propre. Sous le cou (en rose) et sous le ventre (en vert) je prévois d'étoffer la silhouette. On se rappelle que ces zones sont gonflées par un plumage dense. Je trouve que l'aile gauche est un peu maigre et je prévois de l'étirer un petit peu (zone bleue), tout en gardant notre point de vue qui fait que nous la voyons plus de face.
Étape 11 : Je redessine par dessus les traits de construction. En vert je vous indique des traits que j'ai fais pour suggérer les muscles au niveau de l'attache des ailles. En violet je vous surligne les zones que j'ai étoffé. En sachant que j'ai fait en sorte qu'il n'y ai pas de démarcations entre l'arrière de la patte et la naissance de la queue. Sur le dos, juste après l'aile, les plumes ont tendance à être courtes et ébouriffées sous l'aile en elle-même.
Étape 12 : Les traits propres.
Maintenant la mise en couleur :
Étape A : Je pose l’aplat, un assez doux.
Étape B : J'éclaircis le masque de la tête, le dessous de l'aile, la queue, la gorge, le ventre et les pattes.
Étape C : Je colorise les yeux et le becs. Avec un gris assez sombre je place les bases du plumage. Je souligne le bord du masque. Je noircis le bout des plumes ainsi que les zones de jonction entre les différentes parties des ailes (zone 1,2 et 4). Je trace un « trait » noir également sur la fin de la queue.
Étape D : Je suggère la robe de l'oiseau par des tâches d'un brin quasiment noir. Je vous fais juste un petit zoom sur le dessin de la queue. Je souligne les yeux en les ourlant également de noir.
Étape E : Je rajoute quelques ombres, au bas des ailes, sous le ventre, et je finis par quelques touches de blanc (essentiellement sur l'aile droite de l’oiseau) pour la lumière.
Passons au deuxième oiseau.
DESSINER UN HIBOU AU SOL
Étape 1 : La tête, toujours notre rectangle, légèrement plus arrondi au dessus pour cet oiseau.
Étape 2 : L'épaisseur du cou.
Étape 3 : Le milieu de la tête.
Étape 4 : Le trait du milieu de la longueur sur la tête me permet de placer la ligne de la colonne vertébrale en bleu.
Étape 5 : Je place rapidement le squelette de l'oiseau. Juste après le cou, la boule sera l'attache des ailles.
Étape 6 : Je trace l'ossature des ailes (en 3 parties, en A. ce serait notre coude et en B. notre poignet). Du centre de la tête je place le bec, qui me permet de placer les yeux. En rouge je dessine la ligne de ventre en ayant déjà en tête qu'elle sera étoffée par la présence de nombreuses plumes.
Étape 7: Je dessine les ailes autour des traits d'ossature.
Étape 8 : De la ligne de la colonne je tire la ligne de la queue (flèche bleue) dans la continuité et je place les plumes de la queue.
Aller, on y est presque !
Étape 9 : Pour la tracé final je ne devrais pour oublier les longues plumes sous le ventre (traits bleus).
Étape 10 : D'après les traits de construction en rouge je dessinne les traits définitifs. Avec la flèche rouge je vous montre la zone arrière des pattes. Je fais en sorte qu'il n'y ait pas de démarcation trop nette avec la naissance de la queue.
Je remonte donc avec des traits courts vers la queue pour suggérer le plumage dense et un peu « flou » de cette zone. Avec les flèches verte et bleue je vous montre des traits qui découlent de la structure de l'aile. Ces flèches correspondent à la limite zone1/zone2.
Étape 11 : Je nettoie le dessin.
La colorisation pour finir.
Étape A : Je pose un aplat gris clair.
Étape B : La lumière est dans le dos de l'oiseau. J'ombre les zones de l'autre coté.
Étape C : Je colorise les yeux sur une base jaune. Je teinte le bec et les griffes avec un gris très foncé.
Étape D : Je pose une touche de brin clair pour salir certaines zones, les plumes sous le ventre, les pattes et sous la queue.
Étape E : Avec un blanc pur je crée un peu de volume en revenant sur le masque de la tête, sur la masse sous le cou et sur les ailes. D'où l’intérêt de partir sur une base légèrement grise.
Étape F : Avec des touches de gris foncés je crée la robe de l'oiseau et j'ourle les yeux de noir. Je travaille les iris avec un orange foncé. Je finis jute en renforçant un peu mes ombres, surtout sous le ventre, la queue, et j'en place également sous l'aile. Ah ! Et je place des ombres au sol.
Voilà ! Beaucoup de choses à retenir et deux exercices à réaliser ! Il pourra être intéressant, lorsque vous observerez des photos de hiboux (ou de tout autre oiseau) de vous amusez à retrouver la structure des ailes, os et plumes. Cela vous aidera, petit à petit, à être à l'aise avec cette partie délicate.
Illustratrice et rédactrice : Elo Illus