Dessiner un loup
Dans cet article nous allons étudier un prédateur qui depuis des millénaires fascine l'homme. Que ce soit dès l'antiquité romaine avec la Louve capitoline ( associée à la légende de Remus et Romulus), dans les mythologie nordique avec Fenrir ou plus tard chez les frères Grimm et Perrault dans le petit Chaperon Rouge, le loup n'a jamais laissé indifférent.
Le but n'étant pas de vous faire un cours de biologie sur le loup, je serai brève. Bien que le terme « loup » ne soit pas précisément associé à une espèce, il est souvent entendu que par ce terme on parle du Loup gris (canis lupus), espèce de canidé la plus répandue sur les continents.
Sachez que cette espèce compte plusieurs sous-espèces mais que nous allons essentiellement appuyer notre étude sur l'observation du loup gris commun d'Europe.
LA MORPHOLOGIE DU LOUP
Bien qu'un loup ressemble toujours à un loup, il est à retenir que l'espèce est reconnue pour afficher des variations notables selon les régions et les sous-espèces, que cela soit en terme de taille, de poids, de robe ou même dans l'allure avec des museaux plus ou moins fins ou une silhouette plus ou moins élancée.
Néanmoins traditionnellement on peut établir que le loup est un canidé imposant, avec un museau large, des oreilles triangulaires plutôt courtes et une cage thoracique profonde. Le dos est légèrement incliné, le cou est très musclé et les pattes suffisamment longues pour assurer une mobilité optimale.
Chez les femelles on pourra noter parfois que les épaules et le cou sont moins développés et que le museau est légèrement plus étroit.
DESSINER LE SQUELETTE
Schéma A :
Comme c'est souvent le cas au sein des mammifères, on retrouve une structure des membres comparable chez le loup et chez nous. Cela pourra vous aider lorsque que vous souhaiterez dessiner l'animal en mouvement. Notez cependant que le loup, contrairement à nous, est digitigrade, c'est à dire qu'il marche sur « les doigts ».
Schéma B :
En rouge la ligne supérieure du crâne. Le front sera assez large et affiche un petit dénivelé au niveau du trou orbital. On retrouvera cette petite « pente » sur le profil de l'animal.
En vert la ligne de dos, on trouvera une petite irrégularité en 1. due à l'articulation de l'épaule et en 2. à cause de la hanche. Le dos se courbera sur la fin pour continuer sur la queue, en bleu. Une fois recouverte de fourrure la pointe de la queue arrivera au niveau de la « cheville », soit la jonction de l'os rose et de l'os bleu foncé du schéma A.
Schéma C :
En hachuré vert, les muscles des pattes avant sont très développés, autant voir plus que les muscles des pattes arrière. Le torse, en rouge, pourra être résumé à un rectangle qui s'affine très légèrement vers l'arrière de l'animal. Ne relevez pas trop la ligne du ventre qui relie les pattes arrières soit peine de donner une allure maigre et affamée à votre loup.
En bleu, notez que les articulations « coude » et « genou » se trouvent juste sous la ligne du ventre.
LE CRANE DU LOUP
Schéma A :
La tête du loup est large et plus compacte que celle d'autres canidés. Les crocs sont bien développés mais seront moins longs et fins que ceux d'un félin. Sur l'avant on trouvera 4 incisives et 2 crocs, un peu plus loin s'implantent prémolaires et molaires.
Schéma B :
On retrouve en rouge la ligne du front avec ce petit dénivelé au niveau de l’œil (en bleu). Le loup, comme beaucoup de mammifères prédateur, possèdent des yeux implantés vers l'avant ( pour bien jauger les distances... ). Cela revient à dire que lorsque vous dessinez le loup de profil, les yeux sont aussi de profil et que de face les yeux sont également bien de face. En vert, la truffe qui se placera au bout du museau sera large et légèrement arrondie.
Schéma C :
En bleu, l'axe de l’œil se trouve légèrement au dessus de la ligne supérieur du museau. En vert clair la « zone d'audition » qui nous permet de positionner l'oreille (en vert foncé). En partant de l’intérieur de l’œil, tracez un triangle étiré jusqu'aux limites arrière du crâne et vous saurez où placer l'oreille.
DESSINER LA TÊTE DU LOUP
J'ai voulu cet article comme un petit condensé de références utiles pour vous. L'idée est que vous y trouviez des éléments référents si vous avez un doute sur tel ou tel point. Pour l'observation de la tête je vous propose donc un loup en vue de ¾, en vue de profil et en vue de face.
LA TÊTE EN VUE DE 3/4
Schéma B :
En bleu clair le museau, un rectangle qui s'élargit pour rejoindre la mâchoire inférieure. Mâchoire inférieure (en violet) qui, même si elle se perd dans la fourrure, joue sur la structure de la tête.
En rouge je vous rappelle la forme du front déjà vue.
En vert on retrouve le triangle qui part des yeux qui nous aide à placer les oreilles.
En bleu foncé, les yeux sont placés au dessus du museau et juste sur les bords de la zone bleue claire. Le champ de vision n'est ainsi pas trop gêné par le museau.
Schéma C :
La truffe présente deux narines arrondies et une structure symétrique. On pourra deviner le « milieu » de la truffe, trait jaune, mais évitez de trop marquer ce détail. Le truffe peut s'inscrire dans un rectangle/carré aux angles arrondis.
En rouge les lignes d'attache des moustaches. Restez également discret sur cet élément. Les moustaches en elles même sont plutôt discrètes et courtes.
Schéma D :
Les oreilles peuvent se simplifier en un triangle isocèle, les deux côtés égaux formant l'oreille. En rose on distingue les bords et leurs ourlets mais l’intérieur de l’oreille sera complètement « recouvert » par les poils (en orange/ sens des poils en vert). Bien que les oreilles du loup soient pointues, évitez tout de même de dessiner une pointe trop nette et franche, préférez un très léger arrondi.
DESSINER LA TÊTE EN VUE DE PROFIL
Schéma 2 :
En rouge on retrouve toujours la même forme.
En bleu la gueule, on distingue ici bien la forme de rectangle qui s'élargit un peu vers la mâchoire inférieure.
Le trait violet vient vous montrer comment l'ossature peut se deviner dans la structure sous la fourrure.
En bleu foncé, le bas de l’œil est au niveau du haut de la gueule. Le champ de vision se place au dessus. Vous observez que l’œil se place bien au niveau du dénivelé du profil, comme observé sur les études du squelette.
En vert la zone qui nous permet de placer l'oreille. On peut voir ici que l'oreille ne doit pas être placée trop bas sur le crâne.
En rose on peut grossièrement définir que la gueule, avant le dénivelé du profil, constitue un gros tiers de la longueur de la tête.
Schéma 3 :
On retrouve les narines arrondies (en bleu). L'axe autour duquel la truffe se construit en symétrie n'est pas visible (en jaune).
En rouge vous retrouvez les lignes d'attaches de moustaches. Comme précédemment et comme vous pouvez l’observer sur le dessin 1, je vous conseille de ne représenter que quelques points éparses. De même, ayez la main leste sur les moustaches.
LA TÊTE DU LOUP DE FACE
Schéma 2 :
Avec cet angle de vue, le museau (en bleu clair) devient un rectangle arrondi au niveau de la truffe.
En violet, les mâchoires inférieures structurent la gueule sous la masse de la fourrure.
En vert le triangle nous permettant de positionner les oreilles. Notez que sous cet angle on voit bien que les oreilles sont sur le haut du crâne.
En bleu foncé deux traits qui partent des extérieurs de la truffe. Voyez, cela nous donne l'écartement entre les deux yeux.
Enfin en rouge la longueur du front, du haut du crâne au yeux. Sous cet angle qui écrase un peu la profondeur, vous pouvez observer que le museau et aussi long que le trait rouge.
Schéma 3 :
On retrouve la structure de la truffe avec ses narines bien rondes et les lignes d'attaches des moustaches (en rouge).
Sur tous ces dessins, vous aurez peut-être observé qu'on ne distingue pas les babines lorsque l'animal a la gueule bien fermée. Nous allons rapidement observer deux postures où la gueule est ouverte : quand l'animal chante et quand il menace.
Posture A :
Seules les babines de la mâchoire inférieure se devinent, essentiellement au niveau du croc inférieur. Les babines sont généralement noires et les gencives rosées.
Posture B :
L'animal retrousse les babines supérieures, on peut observer les plis sur le dessus du museau. On peut alors voir les gencives supérieures.
Postures A' et B' :
Je vous fais ressortir en rose les limites du museau.
En rouge le trait de profil, en bleu le positionnement de l’œil et en vert les traits de construction des oreilles. On notera que dans la position B' les oreilles sont très basses, cela est dû et accentué par le fait que l'animal abaisse alors ses oreilles dans cette posture.
DESSINER LES YEUX
Je me permets de faire un rapide aparté à propos de l’œil. Comme chez nous on retrouve une pupille bien ronde et noire et un iris coloré. Généralement l'iris présentera des teintes allant du jaune doré à l'orange légèrement brun. On pourra distinguer le « blanc de l’œil » (en bleu sur le schéma de droite).
Le bord supérieur des paupières ne sera pas réellement visible et se perdra sous les poils. Les cils (en rose) sont discrets. Le bord inférieur des paupières est lui bien visible et noir (trait vert clair). Notez que la zone intérieure de l’œil se distingue bien (hachuré vert foncé).
Sur un dessin peu « zoomé » l’œil semblera ourlé de khôl.
DESSINER LE CORPS DU LOUP
Maintenant observons le loup dans sa globalité.
Schéma A :
En rouge la ligne de profil. En turquoise la gueule (les mâchoires avant le dénivelé du profil) et en rose le reste de la tête. Le petit zoom sur le côté nous montre que la gueule couvre 1/3 de la longueur de la tête.
En bleu, les articulations du « coude » et du « genou » se retrouvent bien juste sous le ventre.
En vert le corps avec les irrégularités A et B correspondantes aux attaches des membres. Le corps peut être résumé à un rectangle qui s'affine très très légèrement vers l'arrière de l'animal.
Schéma B :
En rouge, voyez comme le cou s'élargit bien et couvre totalement la jonction avec les épaules.
En orange la pointe de la queue arrive au niveau des « chevilles ».
Les traits bleu définissent les axes des yeux. On constate bien qu'ils sont sur les extérieurs du museau et juste au dessus.
En vert la zone d'audition pour l'attache des oreilles et en violet la mâchoire inférieure qui structure la tête.
En noir je vous replace rapidement les os des membres.
DESSINER LES PATTES
Comme nous l'avons dit au début, le loup est digitigrade, il marche sur ses doigts. Comme chez les chiens, les pattes avant présentent 5 doigts et les pattes arrière 4. Si vous voulez d'ailleurs apprendre comment dessiner un chien, vous pouvez retrouver cet article sur notre blog.
Les griffes ne sont pas rétractiles et se devineront légèrement au bout des pattes. Évitez de les faire trop effilées, elles sont plutôt émoussées.
Ici je vous présente uniquement des pattes avant. Les pattes arrière ne disposeront pas de doigts « 1 ». Notez que justement ce doigt « 1 » se tient plus haut sur la patte que les autres doigts.
LE DESSIN ETAPE PAR ETAPE
Aujourd'hui nous allons prendre un point de vue assez simple et dessiner l'animal de profil. Par contre nous allons le dessiner en train d'avancer.
Sur le dessin que nous allons réaliser, la patte arrière B2 viendra de se poser au sol, « chassant » la patte avant A2. La patte B1 sera sur le point de quitter le sol.
Commençons...
Étape 1 : La ligne de front.
Étape 2 : Le museau, environ 1/3 de la longueur de la tête, en rectangle qui s’élargit.
Étape 3 : Je place la truffe et l’œil (au niveau de la courbe du profil/en rouge et au niveau du dessus de museau/trait bleu). Le cou est bien large et je place avec un trait la masse avant des épaules.
Étape 4 : En noir je vous place les membres rapidement. En rouge les « irrégularités » du dos (épaules et hanches). Vous retrouvez la forme générale du corps. Les pattes se forment naturellement autour des os.
Étape 5 : Je trace la queue, ni trop longue ni trop courte (à hauteur de cheville environ). Je place les oreilles.
Étape 6 : Par dessus les traits de construction je redessine les contours. Pour la fourrure plus longue et hirsute je crée le contour avec de petits traits (sous le ventre par exemple).
Étape 7 : Je nettoie le dessin et place un peu d’herbe au sol. Notez que j'ai donné un peu de structure aux pattes avec un ou deux traits à l’intérieur. Sur le flanc et sur le cou j'ai également posé quelques traits courts pour suggérer la fourrure.
LA MISE EN COULEUR DU DESSIN
Étape A :
Je pars sur un aplat gris. Attention je fais ce choix en sachant que je travaille sur tablette graphique. Évidemment si je devais réaliser ce dessin avec, par exemple de l'aquarelle, je ne ferais pas le même choix.
Étape B :
Comme c'est souvent le cas, il vaut mieux avoir une petite idée du sens du poil de l'animal que vous dessinez. Ici, en bleu, je place rapidement l'orientation de la fourrure.
Étape C :
J'éclaircis le ventre, les pattes, la queue, le cou et le museau.
Étape D :
Je casse le gris par quelques touches de brin fauve, sur le front, les flancs, la queue et les pattes.
Étape E :
Je détaille un peu plus la fourrure et marque un peu plus les zones de poils sombres.
Étape F :
Je colorise le sol et place les ombres, essentiellement en dessous de l'animal en supposant une lumière naturelle placée au dessus de l'animal.
J'ai suivi pour cette mise en couleur le schéma d'un loup gris commun (A) mais je vous propose ici deux autres options. En B un schéma de loup noir, type Timberwolf, et en C une robe de loup arctique. Le loup arctique pourra sembler plus massif, mais cela est surtout dû à son poil particulièrement dense.
Comme toujours l'observation et la pratique seront essentielles afin de bien vous familiariser avec l'animal. J'espère néanmoins que cet article vous aura aidé! À vos crayons !
Illustratrice et rédactrice : Elo Illus