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par Tristan de Dessindigo

Dessiner sur le vif

Bonjour à toutes et à tous, vous avez peut-être déjà entendu parler du dessin sur le vif, cette méthode est l’une des meilleures façons de faire des progrès visibles en un rien de temps. Observer, capter l’instant, dessiner sans filet : voilà un excellent entraînement pour l’œil… et pour la main.

Alors sortez votre carnet, attrapez un crayon, ouvrez bien les yeux… et laissez parler votre créativité. On est partis !


Qu’est ce que le dessin sur le vif ?

Lorsque l’on débute en dessin, un des conseils qui revient le plus souvent est que la pratique est le meilleur moyen de progresser, et c’est totalement vrai.

Cependant, on a tendance à vouloir réaliser des dessins complexes et aboutis à chaque fois, et parfois on peut se retrouver bloqué par le syndrome de la page blanche. La vérité, c’est que pour progresser, vous n’avez pas besoin d’être toujours créatif, et c’est là que le dessin sur le vif prend tout son sens.

Le dessin sur le vif, c’est l’art de capturer le monde tel qu’il est, en mouvement, imparfait, vivant. En remplissant un carnet jour après jour, on affine son regard, on apprend à observer pour de vrai, à saisir l’essentiel sans s’attarder sur les détails inutiles. C’est une pratique qui fait progresser vite, car elle oblige à sortir de sa zone de confort : pas de pose figée, pas de retour en arrière.

Cet exercice vous permet à la fois de travailler votre coup de crayon, mais surtout de développer votre sens de l’observation. Cela viendra nourrir votre imagination et vous permettra d’être plus efficace en dessin, mais aussi plus créatif.


Le matériel

Pour dessiner sur le vif, pas besoin de trimballer tout votre atelier : l’idée, c’est d’être léger, réactif et prêt à sortir votre carnet dès qu’une scène vous inspire. Le matériel de base tient souvent dans une petite trousse et peut vous accompagner partout.

Le plus important, c’est bien sûr un carnet de croquis. Choisissez-le assez solide pour être emporté dehors, avec un format qui vous met à l’aise. Le A5 est un bon compromis : ni trop grand, ni trop petit. Certains préfèrent les carnets avec un papier un peu texturé, d’autres optent pour des pages lisses, à vous de tester ce qui vous convient.

Ensuite, il vous faut un outil pour dessiner vite : crayon, porte-mine, stylo, feutre fin… L’essentiel, c’est que ça glisse bien et que vous puissiez tracer sans vous soucier de la perfection. Le stylo encre ou le feutre fin ont l’avantage de forcer à assumer chaque trait, ce qui peut être très formateur.

Et voilà, dans l’absolu, vous n’avez besoin de rien d’autre !


L’état d’esprit

Vous l’aurez compris, le but du dessin sur le vif, c’est de remplir des carnets entiers de croquis et d’observations. Seulement, il n’est pas rare de se retrouver là aussi confronté à une peur très simple : gâcher son carnet. De nombreux artistes achètent des carnets, prêts à se lancer, et finalement ont cette peur que leurs dessins ne soient pas réussis, de gâcher l’espace, d’avoir des pages avec de mauvaises compositions… et finalement, face à ces inquiétudes, ils ne dessinent pas.

On s’attend toujours à ce que nos croquis ressemblent à celui que vous avez en haut à gauche, alors qu’en réalité, ils ressemblent bien davantage à celui en haut à droite, voire, ils sont même moins aboutis encore et c’est totalement normal !

Quand on dessine sur le vif, il faut accepter de lâcher prise. Pas question de chercher la perfection ou le dessin “réussi” : l’idée, c’est de capter une ambiance, un mouvement, une impression. Il faut apprendre à observer avec curiosité, à dessiner sans trop réfléchir, à se tromper sans s’arrêter. Chaque croquis devient un exercice, une trace, un petit bout de votre regard sur le monde. Et plus vous remplissez votre carnet sans pression, plus vous progressez naturellement.

C’est un moment pour soi, un entraînement vivant, pas un concours de beauté. Autorisez-vous à rater, à dessiner vite, à ne pas tout finir. C’est dans ce rythme libre et spontané que votre trait devient plus fluide, plus expressif… et que le plaisir revient.


Dessiner un paysage sur le vif 

Parce qu’il n’y a rien de mieux qu’un exemple concret, je vous propose de voir comment dessiner un paysage et un être vivant sur le vif. 

L’idée avec le dessin sur le vif, c’est de sortir et de dessiner lorsqu’on trouve quelque chose d’esthétique ou d’intéressant. Imaginons que vous ayez cette vue devant vous : le premier réflexe à avoir, c’est de vous fixer un cadre, simplement parce que sinon vous allez regarder tout ce qu’il y a autour et peut-être être moins focalisé sur ce que vous voyez. Imaginez que vous prenez une photo. Ce cadre va vous aider à choisir ce que vous voulez vraiment dessiner, à simplifier la scène et à éviter de vous disperser. 

Une fois que le cadre est posé, vient le moment le plus important : l’observation. Regardez tout ce qui compose l’image, quelles en sont les formes principales, les différents plans, l’interaction des éléments, le lien entre eux. Au début, cela peut vous prendre un peu de temps, mais avec la pratique vous verrez que cela devient un vrai réflexe qui ne vous prendra que quelques secondes.

Ici, on peut observer différents plans : la montagne en arrière-plan, les arbres juste après, le sol et la maison, et enfin, au premier plan, les rondins de bois.

Une fois que vous vous êtes bien imprégné du paysage, vous pouvez venir redessiner les éléments principaux de manière très synthétique. Cela vous permettra de vérifier s’ils sont cohérents, les uns par rapport aux autres.

Si vous avez fait des erreurs de proportions, ce n’est pas grave, ne gommez pas, vous commencez à passer beaucoup trop de temps dessus. Dites-vous juste qu’avec la pratique, vous appréhendez mieux les rapports d’échelle.

Une fois que vous avez fini, et s’il vous reste encore un peu de temps, alors vous pouvez ajouter quelques détails, par exemple des rapides hachures pour suggérer la matière ou la lumière. Là encore, essayez de garder un trait énergique et de simplifier avec des lignes expressives.


Dessiner un être vivant sur le vif 

Le principe que nous venons de voir pour les dessins de paysages fonctionne également pour les dessins d’être vivants : 

Commencez par poser le cadre.

Observez la dynamique de la pose et essayez de comprendre les différents placements de la tête, du buste et du bassin ainsi que le mouvement des bras et des jambes. Un dessin sur le vif d’un être vivant est encore plus complexe que celui d’un paysage, car nous bougeons très vite.

Une pose comme celle-ci-dessus est impossible à dessiner en même temps que la danseuse la réalise, mais vous pouvez prendre le temps d’observer pour ensuite la redessiner.

Synthétisez sa pose : seuls le torse, le bassin, la tête en volumes simples et des lignes pour les bras et les jambes peuvent suffire afin de retranscrire le mouvement général. Plus votre ligne sera dynamique, plus vous arriverez à créer des silhouettes fortes et impactantes.

Vous pouvez ensuite, si vous avez un peu de temps, venir ajouter des détails d’anatomie plus poussés, voire des accessoires ou autres.


L’exercice du chronomètre

Si vous avez encore un peu d’appréhension à vous lancer, je vous conseille un exercice très efficace qui vous forcera à lâcher prise. Vous pouvez le réaliser depuis chez vous avec une photo de référence (ou même en regardant ce qui vous entoure) ou à l’extérieur.

Commencez par fixer un cadre à votre regard et donnez-vous une à deux minutes pour observer dans les moindres détails ce qui vous entoure : les éléments, la composition, les plans, l’interaction, la lumière… bref, essayez de comprendre un maximum. Ensuite, donnez-vous 2 minutes pour redessiner ce que vous avez sous les yeux (vous pouvez regarder à nouveau évidemment, mais rappelez-vous que 2 minutes, c’est court).

Une fois que les deux minutes sont passées, essayez de refaire le même exercice, mais en vous donnant seulement 30 secondes pour redessiner. Vous verrez que plus le chronomètre est court, moins vous aurez envie de gommer ou d’aller dans les détails ; vos traits seront plus dynamiques et vous arriverez à capter l’essentiel.

En conclusion, le dessin sur le vif n’est pas indispensable si vous voulez progresser en dessin, mais c’est un exercice vraiment très intéressant.

Vous verrez qu’en arrivant à vous libérer de vos propres attentes, c’est là où vous prendrez le plus de plaisir à dessiner et où vous progresserez aussi le plus.

J’espère que cet article vous aura plu ! 😊

Rédactrice et illustratrice : Chloé Pouteau