Choisir son papier pour dessiner

Bonjour à toutes et à tous, vous est-il déjà arrivé d’être très fier de votre dessin jusqu’au moment où vous vous rendez compte que le papier bouloche ?   De commencer un nouveau projet mais de voir que rapidement votre papier gondole ? ou tout simplement de vous retrouver perdu devant un rayon de magasin proposant tellement de sortes de papiers que vous ne savez plus lequel sera adapté à votre technique graphique ?

Aujourd’hui nous allons voir quelques bases pour bien choisir votre papier.

LES DIFFÉRENTS FORMATS DE PAPIERS POUR DESSINER

Il existe de très nombreux formats de papiers mais voici les plus conventionnels :

En général on trouve très facilement des carnets en format A5, A4 et A3, les formats raisins sont eux plutôt vendus en blocs de feuilles libres. Le A2 et A1 sont principalement dédiés à l’imprimerie (notamment pour les affiches). 

Certains types de papiers ne se retrouvent pas dans tous les formats et c’est à ça qu’il faut prêter attention. En effet, on retrouve plus couramment des papiers avec un grammage fin et une texture lisse dans des formats A5/A4 et plus couramment des papiers épais et avec une texture granuleuse dans des formats A3 ou raisins. 

Il faut particulièrement faire attention au type de papiers proposés dans les carnets car souvent ils sont assez fins et peu adaptés à du feutre ou de la peinture.

Cependant il n’y a pas réellement de format adapté à une technique en particulier, vous pouvez peindre sur des carrés de 10cm ou dessiner au crayon à papier sur du A1, c’est à vous de choisir, veillez juste à ce que le papier corresponde bien à votre technique.

LE GRAMMAGE DU PAPIER

Le grammage correspond à l’épaisseur du papier (mais pas forcément à sa solidité) il est presque toujours indiqué en grammes par m².

Le grammage proposé pour les papiers est très variable et constitue une des principales choses à regarder lorsque vous choisissez votre papier. On distingue plus ou moins trois grandes catégories de grammages : 

En général, plus un papier est épais et plus il sera résistant à la gomme, à l’estompe ou aux techniques humides, cependant plus le grammage est élevé plus le prix l’est aussi. Il est souvent conseillé d’utiliser des papiers fins (et donc peu coûteux) pour faire des croquis ou de rapides esquisses de vos idées et d’utiliser du papier au grammage épais pour réaliser des projets plus aboutis.

Le grammage est toujours indiqué sur un bloc de feuilles et presque toujours sur des carnets ou feuilles libres c’est donc assez facile de ne pas se tromper, mais si vous avez un doute vous pouvez toujours demander conseil en magasin. 

LE GRAIN

Le grain du papier correspond à sa texture plus ou moins granuleuse, créant des minuscules bosses et creux sur le papier. C’est dû à la fabrication du papier ou à son matériau. 

On peut noter que plus le papier est épais et plus il y a de chances que le grain soit visible.  

Au-delà de l’aspect esthétique le grain à une réelle utilité il va permettre à certaines techniques, comme la peinture par exemple de mieux accrocher sur ses aspérités. Il va également permettre à d'autres techniques, comme le pastel sec d’agir comme une sorte de micro ponçage qui va permettre de libérer les pigments du pastel pour mieux les déposer sur la feuille et les travailler par la suite. 

A l’inverse l’absence de grain est également importante pour d'autres techniques, les papiers les plus lisses (comme le bristol ou le layout) permettent d’obtenir des rendus proches de celui de l’impression parfois assez bluffante. Cela permet également de ne pas trop user l’outil, comme c’est le cas avec les feutres à alcool.

On voit de plus en plus de papiers (souvent artisanaux) fabriqués avec des fibres naturelles telles que le lin, le coton ou le chanvre. Cela donne souvent une texture légèrement différente du grain traditionnel car la fibre de la plante est plus visible. Ça n’est pas adapté à toutes les techniques mais les textures proposées peuvent être très intéressantes et apporter un réel plus selon les médiums.   

LA COULEUR

La dernière caractéristique principale que possède un papier est sa couleur. Bien que la plupart des papiers traditionnels soient blancs ou beige clair, on voit de plus en plus arriver des papiers colorés appelés mi-teinte. 

L’utilisation de papier coloré est avant tout une question de goût mais peut s’avérer très intéressante dans le rendu final du projet. La couleur du papier devient un élément central de la composition et permet souvent en plus d’être un petit défi artistique de mieux faire ressortir les autres couleurs 

Il faut également noter qu’il est plus facile de faire ressortir les ombres et lumières lorsqu’on travaille sur un mi-teinte. Pour certains, c’est aussi une très bonne manière de sortir de leur zone de confort et de lutter contre le syndrome de la feuille blanche. 

Les mi-teintes sont disponibles dans de nombreux formats et grammages alors je vous invite à essayer quel que soit la technique que vous pratiquez !

UN PAPIER ADAPTÉ À CHAQUE TECHNIQUE DE DESSIN

Je vous invite à présent à nous intéresser à quelques techniques répandues pour voir quel papier convient le mieux. Si la technique que vous pratiquez n’est pas dans la liste il y a de très grandes chances qu’elle se rapproche de l’une d’entre elles et que par conséquent les papiers recommandés soient les mêmes. 

LE CRAYON À PAPIER POUR DESSINER

Le crayon à papier est une technique sèche et la plus commode de toutes. Tous les grammages et grains conviennent selon ce que vous souhaitez faire. 

Pour un rendu le plus qualitatif possible je vous recommande un grammage d'au moins 120g/m² avec un grain lisse ou très fin. 

LES CRAYONS DE COULEURS

Tout comme le crayon à papier, c'est une technique sèche très permissive et qui n’a donc pas de problématiques particulières. 

Pour un rendu le plus qualitatif possible je vous recommande un grammage d'au moins 120g/m² avec un grain très lisse, l’idéal serait un papier bristol.

LE FUSAIN, UNE TECHNIQUE SÈCHE POUR DESSINER 

Le fusain est une technique sèche qui produit beaucoup de poussière volatile et très tâchante.

Pour un rendu optimal, je vous conseille un papier avec un grammage d’au moins 150g/m² et  un grain moyen à épais pour bien accrocher la matière et stocker les pigments volatils, l’idéal serait un papier ingres.

LE PASTEL SEC

Le pastel sec est une technique sèche qui demande une surface poreuse afin de bien accrocher les pigments et de mieux fondre les couleurs entre elles. En général on traite le papier au préalable pour le rendre poreux à l’aide de pierre ponce ou de la poudre de marbre.

Je vous conseille d’opter pour un papier épais d’au moins 350g/m² avec un peu de grain. L’idéal serait un papier spécial pastel (assez onéreux cependant).

LE PASTEL GRAS

Comme son nom l’indique, le pastel gras est une technique grasse qui demande une bonne quantité de matière et d’estompage. 

Je vous conseille donc d’opter pour un papier épais d’au moins 250g/m² , vous pouvez utiliser tout type de grain, cela dépend de votre préférence.

LES FEUTRES

Les feutres classiques sont une technique humide mais qui sèche très vite. En général c’est une technique assez permicive qui ne demande pas de support particulier. 

Je vous conseille tout de même pour un rendu optimal d’opter pour un papier à grammage moyen d’au moins 90g/m² le plus lisse possible. L’idéal étant un papier bristol. 

LES FEUTRES À ALCOOL

Les feutres à alcool sont une technique humide qui sèche assez vite. 

Pour les feutre à alcool il n’y a pas d’erreur possible, si vous souhaitez garder vos feutres longtemps et en bon état c’est obligatoirement du papier Layout. Cependant, si vous souhaitez juxtaposer les techniques (feutre + crayons de couleur ou pastel) le layout peut etre fragile et je vous conseille alors du papier bristol MAIS cela reduira considérablement la durée de vie de vos feutres.

L’AQUARELLE 

L’aquarelle est peut être LA technique humide par excellence. 

Comme pour les feutres à alcool vous ne pouvez pas vous tromper, il vous faut du papier spécial aquarelle (au moins 250g/m²), c’est le seul qui sera assez épais pour boire l’eau et permettre aux couleurs de bien se mélanger sans que votre papier gondole. 

LA GOUACHE

La gouache est une technique humide qui demande tout de même moins d’eau que l’aquarelle.

Vous pouvez utiliser du papier à aquarelle ou bien utiliser un papier épais d’au moins 250g/m² lisse ou avec de léger grain pour un rendu plus uniforme.

L’ACRYLIQUE

L’acrylique est une technique humide assez semblable à la gouache mais un peu plus épaisse.

Je vous conseille donc d’utiliser des feuilles assez épaisses d’au moins 250g/m² mais l’idéal serait plus à 300g/m² pour pouvoir travailler les couleurs sans risquer de déchirer le papier ou que cette dernière gondole. Vous pouvez choisir le grain qui vous plaît le plus mais généralement ce sont des papiers à grains moyens voir épais. 

LA PEINTURE À L’HUILE

La peinture à l’huile est une technique grasse et humide car on utilise généralement de la térébenthine pour mélanger les couleurs. Compte tenu du poids de la peinture, du nombre de couches et du solvant il est souvent déconseillé de travailler la peinture à l’huile sur du papier, cependant si vous souhaitez le faire il vous faudra utiliser un papier très épais (au moins 300g/m² voir idéalement 350g/m²) sur lequel vous apposerez au préalable une couche de préparation à l’utilisation de peinture à l’huile. 

Le mieux serait d’utiliser un papier toile spécial pour peinture à l’huile.

Pour conclure, lorsque vous choisissez votre papier la première question à vous poser est pour quelle technique vous souhaitez l’utiliser ?  En fonction de cela vous aurez déjà une bonne idée du type de papier vers lequel vous orienter au niveau du grammage et du grain. Il ne vous reste plus qu’à choisir le format et éventuellement la couleur. 

J’espère que cet article vous aidera à trouver le papier idéal pour tous vos projets 😊

Illustratrice et rédactrice : Chloé Pouteau